Atlas des météores
Au Soleil mort
je ne sens plus rien qui perce qui sonne
Le néant me happe
Plus personne
Nulle âme vive pas d'arrosoir
Le noir seul résonne Total Ou presque
Car dans la nuit filandreuse des souvenirs
se dissout disparaît et tremble
le contour vaporeux des silhouettes zélées
Le souffle se devine se dévide s'attend
ce désir d'éveiller la carlingue
qui heurte le mur enluminé d'éponges
ou son plafond d'incertitude
La pluie grêlée la neige le vent l'éclair de passage
tous parlent
d'une cartographie de songes
inaccessible aux laborieux sans silence
Alors
dans l'épaisseur même du mur
je vois
nos continents se détacher se rapprocher se superposer
comme cristaux de roche sous l'œil scrutateur
Le feuilleté des bouts de mondes se déplie se déploie et tournoie
hors du chant des possibles
Une autre voix lactée dérive à l'occident
tandis que je m'enfonce dans l'apesanteur
miroir aux hirondelles du savoir
écharpe nue des jongleurs aux étoiles
J'entends
dans le tadelakt céleste
les granulations du devenir sans origine
le destin des fouines au pied du centaure
et les oiseaux menteurs constellant l'invisible
Où sont tes yeux sans orbites ?
Est-ce là le parchemin que tu m'as promis ?
le fin mot de ta moire ?
le lit sacré aux mille bruits ?
Silence
Espace éclaté dont l'intranquillité nous construit
gerbe de nuit où luit en abymes le firmament
échancrure alluviale des nébuleuses
stèle obscure semée d'emblèmes
ton silence m'enduit à pleine lune
tandis que se lèvent les étoiles
Rouges jaunes bleues
elles criblent mon crâne sans atmosphère
de figures arbitraires
Je vois
sur le paysage de ta peau sans sommeil
la trace offerte par les impalpables météores
carte en élévation des fêlures qui lévitent
Est-ce là que l'on fuit les catastrophes ?
cet amas étoilé sans théorème ?
ce bestiaire hétéroclite sans berger ?
cette page palimpseste ?
Nulle explosion
Nul trait de lumière vile
Nul mystère zénithal à humer
Juste la triangulation du vide
astérisque polaire et péril sur la vitre
Des naines aux géants j'ai tout oublié
la trace étrangère des comètes
l'ascendant rayonnant des vedettes multiples
la culmination fragile du danseur céleste
l'énergie des soirs et des matins stellaires
sur mon aérolithe sans rais
errante et fixe
je tremble
sans scintillation
Si tu égrènes le marc des astres
dis-moi
pourquoi sans équateur l'homme brûle
et
où s'arrêteront ces jeux ces bandeaux sans destin